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Cesarewna, qui voulaient absolument torpiller les deux autres navires. Mais on avait réussi à couler un navire ennemi, sans avoir eu un homme tué, ni blessé. Vouloir continuer l’entreprise, c’était s’exposer à sacrifier inutilement d’héroïques matelots.

Les deux navires turcs couvrirent d’éclats d’obus les quatre chaloupes qui opéraient leur retraite ; mais rien ne les atteignit, et les flots du Danube reprirent bientôt leur tranquillité.

Pendant notre campagne contre la Chine, en 1884, les torpilleurs ont joué un rôle important.

Nous allons résumer les faits de guerre auxquels ils ont pris part.

Au mois d’août 1884, l’escadre, commandée par l’amiral Courbet, après avoir bloqué l’île de Formose, était engagée dans la rivière Min, où elle était exposée à de sérieux périls. Elle était menacée par une flottille chinoise mouillée non loin de là, et par toute une armée, renforcée par de nombreuses batteries, étagées en aval de la rivière.

Le 22 août, arriva heureusement à l’amiral Courbet la signification de la déclaration de guerre et l’autorisation de se dégager par un coup de maître. Un conseil de guerre fut tenu aussitôt, à bord du vaisseau amiral le Volta.

Voici quelle était la situation de la flottille française et des forces ennemies. À 12 milles en amont de la rivière Min, et un peu en aval de l’arsenal de Fou-chéou, à la pointe de la pagode, se trouvaient mouillées en lignes brisées, par suite du coude que formait le fleuve : 1° le croiseur de 3e classe le Volta, portant le pavillon de l’amiral Courbet, 2° les canonnières l’Aspic et le Lynx, ainsi que les bateaux torpilleurs rapides nos 45 et 46 ; 3° un peu au-dessous, les croiseurs de première classe le Duguay-Trouin, le Villars et le d’Estaing. C’est ce que l’on voit sur la figure 286, qui montre la situation de nos vaisseaux et ceux des chinois.

Tout près de nos navires se trouvait un égal nombre de bâtiments chinois. En amont du Volta, entre le croiseur et l’arsenal de Fou-chéou, étaient mouillés 8 autres navires chinois, deux jonques chargées de soldats et un certain nombre d’embarcations disposées en canots porte-torpille. Par le travers étaient encore 9 jonques de guerre, en ligne le long de la rive gauche, et sur cette même rive 6 ou 7 batteries, quelques-unes armées de canons Krupp.

La flottille française possédait, en définitive, 58 bouches à feu de 19, 14 et 10 centimètres ; la flottille chinoise disposait de 56 canons, parmi lesquels on comptait des pièces rayées de 25, 20, 18, 16 et 15 centimètres, en outre, sur les jonques de guerre, 70 canons lisses, d’assez faible calibre.

Le 23 août 1884 à 1 heure 25 minutes de l’après-midi, le Volta et nos canonnières lèvent l’ancre, pour attaquer les navires chinois mouillés en amont. Aucun coup de canon n’avait encore été tiré, lorsque le torpilleur 46 s’élance sur le croiseur chinois le Yang-Ou, et le torpilleur 45 sur la canonnière le Fou-Sing. Le torpilleur 46 frappe de sa torpille-portée le flanc de son adversaire, qui, défoncé par l’explosion, va bientôt s’échouer sur la rive. Le torpilleur n° 45 atteint seulement l’arrière du Fou-Sing, et fait éclater sa torpille ; mais il reste attaché au navire chinois par sa hampe, et son capitaine, gravement blessé, ne peut retirer son bateau qu’avec beaucoup de peine de cette position critique. Nos deux torpilleurs sont entraînés par le courant, et bientôt hors de tout danger.

Pendant ce temps, nos petites canonnières attaquent à bout portant les bâtiments à vapeur chinois. Nos croiseurs de 1re  classe, à cause de leur grand tirant d’eau, ne peu-